Cycle de vie d'un produit: 8 trucs pour mieux consommer

Le soir, parfois, je me perds dans les confins de l’internet :

« Ahhh ! tiens donc… un vidéo sur des feux de forêts !

-Oh ! un autre sur les dégâts causés par le passage du dernier ouragan.

-OUHHHH, une lampe en forme de chien 🥰 ! »

 

Plusieurs heures passent ainsi et sans crier gare, je me retrouve à faire une crise d’éco-anxiété, avec en prime 3-4 cossins inutiles chargés sur ma carte de crédit. Je me rassure en buvant une petite tisane à la menthe bio avec en tête qu’au moins l’abat-jour de ma lampe en forme de chien est fait de bambou… Ouin. 

Je m’endors un peu plus sereine, mais une pensée m’habite encore :

« Si seulement je pouvais mesurer exactement l’impact de mes achats impulsifs de fin de soirée sur l’environnement… » (oui, c’est difficile m’endormir des fois haha).

 point d'interrogation et enfant qui se tient le front

Eh bien, il parait que c’est possible grâce à l’analyse du cycle de vie d’un produit !

L’Ana… quoi ?

L’analyse de cycle de vie (ou L’ACV pour les intimes), c’est une méthode de calcul des impacts environnementaux d’un produit, depuis l’extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication jusqu’à son enfouissement, compostage ou recyclage, selon le cas.

Cet outil a été développé au début des années 90, mais il a fallu attendre en 1994, avec la création d’une charte internationale des normes environnementales (les normes ISO), pour qu’on le prenne au sérieux. Depuis, l’analyse du cycle de vie s’est positionnée comme LA méthode par excellence pour mesurer les impacts environnementaux des produits de consommation.

L’ACV prend en compte toutes étapes de la vie d’un produit : sa fabrication, son transport, sa distribution, son utilisation par le consommateur ou la consommatrice, puis tout ce qui se passe une fois que sa vie utile est terminée.

 schéma acv

Source: Les cahiers du développement durable

 

Un exemple please !

Dans notre quotidien, il y a des choix « écologiques » qu’on ne questionne plus tellement ils sont acceptés par toutes et tous. L’exemple par excellence pour illustrer mon propos, c’est le sacro-saint sac réutilisable. C’est le produit parfait pour illustrer facilement l’ACV : tout le monde se dit qu’un sac en tissu, c’est 1000 fois mieux qu’un sac en plastique. Ah ouais, vraiment ?

 

Eh bien, PAS NÉCESSAIREMENT ! Je sais, moi aussi je suis tombée de ma chaise.

 

Force est de constater que je me dois de retirer au sac réutilisable le titre de champion suprême trônant au sommet de la pyramide de l’écoresponsabilité et d’ajouter de la nuance à ma haine du sac de plastique.

Tu ne me crois pas ?

Selon RECY-QUEBEC, qui nous propose sur son site web plusieurs analyses de cycle de vie très complètes et accessibles, il est vrai qu’un sac réutilisable est généralement un meilleur choix qu’un sac en plastique. Cependant, l’usage qu’on en fait, le matériel précis utilisé dans la fabrication du sac et le potentiel de sa valorisation en fin de vie font grandement varier les résultats.

Par exemple, le type de sacs de plastique à usage unique que nous avons banni des épiceries dans les dernières années aurait un impact global moindre que tout autre type de sac confondu si on lui donne une deuxième vie comme sac à ordures ! Ce surprenant résultat s’explique par la rapidité de dégradation de ces types de plastique et par le faible coût environnemental lié à leur production.

Mais bon, ok, je l’avoue, somme toute, les sacs réutilisables sortent gagnants de l’analyse du cycle de vie effectuée par RECYC-QUÉBEC. L’organisme a comparé 5 types de sacs réutilisables avec le sac en plastique mince conventionnel : le meilleur choix est le sac fait de polypropylène (PP) non tissés. Les sacs en coton seraient par contre à éviter à tout prix s’ils ne sont pas fabriqués à partir de textile recyclé. Il faudrait plus de 1500 utilisations en moyenne pour compenser ses impacts environnementaux.

graphique des différents types de sacs

 Source: RECYC-QUÉBEC

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à jeter un coup d’œil au résumé de l’étude en cliquant ici. Il y a tout plein de beaux tableaux très intéressants. Le site de RECYC-QUÉBEC est aussi une mine d’or remplie d’informations pertinentes sur une grande variété de sujets liés à nos habitudes de consommation.

 

L’envers de la médaille

L’analyse du cycle de vie des produits a beau être une méthode ayant fait ses preuves, ça ne m’a pas empêché de lui trouver des points faibles :

  1. L’ACV ne prend pas en compte les impacts socio-économiques du choix d’un produit par rapport à un autre ;
  2. L’ACV ne peut pas vraiment s’utiliser au quotidien par le consommateur moyen dans son divan qui se magasine une tuque.

Faire l’analyse de cycle de vie d’un produit, ce n’est pas facile et rapide comme remplir son panier virtuel sur Etsy ! Il faut une quantité astronomique de données et une fine compréhension des chaînes de production d’un produit pour pouvoir en analyser correctement les impacts. En plus, on passe à côté de plein d’aspects importants. En effet, une analyse environnementale ne prend pas en compte l’engagement social d’une entreprise, les salaires des employés, les retombées sur la communauté, etc. Il me semble tout aussi vital d’avoir une pensée pour ces enjeux lorsqu’on cherche à mieux consommer.

 

Concernant la difficulté d’utiliser au quotidien L’ACV, j’ai un exemple assez parlant pour vous :

S’il a été facile pour moi de trouver de l’information déjà vulgarisée sur les sacs réutilisables, je n’ai pas réussi à trouver suffisamment de données pour comparer adéquatement les masques à usage unique et les masques réutilisables. C’est certain que ça ne fait pas des lustres qu’on se préoccupe collectivement des impacts écologiques des différents types de masques, mais ça vous donne une idée de la difficulté d’intégrer l’ACV à nos choix quotidiens de consommation. Vous pouvez aussi écouter l'émission Moteur de recherche du 13 janvier pour en apprendre un peu plus!

Au passage, je vous conseille tout de même le masque réutilisable, puisque mes recherches m’ont permis d’apprendre qu’il n’y a aucune infrastructure de recyclage actuellement en place au Québec qui peut valoriser les masques à usage unique. Ils se retrouvent donc tous au dépotoir pour l’instant.

Ce que je retiens de mon pèlerinage au pays de l’analyse du cycle de vie des produits, c’est que c’est une méthode qui vaut la peine d’être connue et comprise par tous et toutes, sans pour autant être l’outil miracle qui nous aidera à choisir facilement entre deux bibelots inutiles mais oh combien irrésistibles, le soir, dans notre lit.

 

Voici donc 8 points à garder en tête lors nos sessions magasinages, pour limiter l’impact de notre consommation sur l’environnement : 

 

  1. Privilégier l’usagé au neuf quand c’est possible;
  2. Choisir des objets produits localement, par des compagnies éco et socio-responsables;
  3. Choisir des produits fabriqués à partir de matériaux recyclés (comme à Minuit moins cinq par exemple huhu);
  4. Choisir des produits facilement recyclables ou compostables;
  5. Privilégier un produit durable à un produit jetable;
  6. Regarder les avis disponibles sur le produit recherché avant de l’acheter;
  7. Prendre soin de ses objets pour éviter l’usure prématurée;
  8. Toujours remettre en question ses habitudes de consommation, même quand elles nous semblent irréprochables.

 Sac banane de Minuit moins cinq

 


Laissez un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approvés avant d'être affichés